samedi 28 février 2009

Delhi, la vie quotidienne !

Les ceremonies se suivent. Ce matin le cadavre d un habitant du quartier est passe au pas de charge a travers les rues, porte par les plus jeunes. Bernard fait des photos discretement...
Maintenant, c est un mariage qui se prepare, le cheval du promis est avance, les tambours se rodent, la famille se rassemble, Bernard fait des photos...
Je remonte le grand boulevard qui longe la gare. Je roule a contre sens de la circulation, j aime croiser les regards des reeckchoos en velo, leur air etonne et amuse, Bernard fait des photos...
En remontant Main Street, nous entendons le mariage, il sort d un passage, le cheval est exite, je me garre moi-meme de ses eventuels coups de pieds. Le mari n en mene pas large, il descend de la monture, on devine la mere tranquilisee. Pendant toute cette scene, Bernard a fait des photos...
Le repas du midi est pris en face de l hotel, je fais gouter a mon frere les specialites de la cuisine indienne, aujourd hui, les viandes au tamdori, poulet pour moi et agneau pour lui.
Histoire de garder un souvenir de l hotel, Bernard fait des photos...
Nous avonsd change de chambre, apres le demenagement nous regardons le resultat de toutes ces prises de vues. Bon, pas terrible, peu faire mieux, on rigole un bon coup...

vendredi 27 février 2009

Paharganj

He oui, prendre son premier petit dejeuner dans Main Bazar, dans le bordel matinal, ecouter les discours de uns et des autres, souvent exites comme des puces a l idee d aller faire des affaires a Pushkar ou une autre ville, ah ces commercants, ah ces " c est clair ", ces " daaaacord "...
N empeche, hier j ai revu Francois accompagne par sa jolie et sympa niece, Dedee une amie de l ariege et puis Dan, des amies espagoles, italiennes, est ete en face du Rama, pas d israeliens, le calme, trop calme, ou sont les jolies filles ?
Aujourd hui je vais faire le tour du quartier avec mon frere, histoire qu il est une idee de Paharganj, Bola, mon ricksho prefere est venu aux nouvelles alors que j etais au Koshla a siroter mon blak coffe, il veut faire visiter Delhi a mon frere, pourquoi pas ?

jeudi 26 février 2009

Arrivee a Delhi

ET voila nous sommes a Paharganj, quel pied et quel bordel. Je dis nous, car mon frere Bernard est avec moi. C est la premiere fois qu il vient en Inde. Il n a pas fini d ecarquiller les yeux. Le soleil est un brin voile. ( c est un clavier qui date du siecle dernier et je ne trouve pas les accents).
La bouffe dans l avion etait potable, c est la premiere fois que je vois si peu de monde dans un avion allant sur l Inde. La peur des attentats est encore presente...
Nous sommes plutot naze, ca ira mieux demain...

mardi 24 février 2009

21
Le soleil se lève à l’Est

Premier voyage en Inde, nous sommes en 2000.
Nous passons par la Jordanie pour arriver à Bombay. À peine sorti de l'aéroport, nous sommes en Inde. Les vaches se baladent sur la route. Je suis aux anges. Moi, l'ancien éleveur de vaches, être dans un pays qui en a fait son animal fétiche… Nous trouvons un hôtel abordable pas loin de la baie où il y a l'hôtel Taj Mahal et l'Indian Gate. Sitôt nos affaires posées, je saute dans mon fauteuil et va pour les petites ruelles adjacentes. Ganesh est partout, le Dieu indien à tête d'éléphant me fait des clins d'œil à tous les coins de rues. Un petit garçon a décidé de me pousser. Je lui interdit, mais j'accepte qu'il m'accompagne. Il veut que je lui achète du lait pour sa sœur qui, dit-il, est malade. Quand je me renseigne sur le prix du lait dans une pharmacie, je vois qu'il n'y a que Nestlé qui fasse du lait en poudre. Pas question que j'achète cette marque. En même temps, si la gamine est malade. Je lui demande de voir sa sœur. Il me demande de l'attendre au coin de la rue. Dix minutes après, le voilà de retour avec un bébé dans les bras. Il m'a dit qu'elle avait des boutons. Je regarde et elle me paraît en pleine forme. Plus loin, je remarque une femme qui regarde la scène. Je me doute du coup fourré. Au risque de passe pour un salaud, je ne lui achète pas son lait. Le pauvre est déçu de repartir avec dix roupies.
Le lendemain nous voilà parti vers Goa. Nous voyageons en bus dans des compartiments à deux. Je suis avec un médecin russe qui vient de faire un stage au Népal. Il me dit préféré les habitants du Népal. Pour lui ils sont plus intelligents, moins rustres que les indiens. Il m'énerve celui-là, avec ses comparaisons à la noix. Moi, je découvre l'Inde, je n'ai pas envie de recevoir des idées toutes faites par d'autres. Il y a trente ans je devais venir ici mais un ami m'a déconseillé le voyage car j'avais des dents trop gâtées…
Nous prenons le bac pour Arambol. Mon cœur explose de joie de voir ces magnifiques plages. Nous avons trouvé un hôtel pour 150 roupies la nuit à trois. Nous allons y rester deux nuits. Zip ne veut pas rester à Goa, trop mauvaise réputation, trop de marginaux. L'endroit est sympa avec ses vieilles églises portugaises, ses vaches et ses cochons.
En repartant, je suis à l'avant d'un mini bus qui conduit à toute allure. Ce qui devait arriver, arriva. Au moment de s'engager sur une route à forte circulation, le chauffeur força la priorité. Je vis la voiture sur la droite nous foncer dessus. Je fermais les yeux pour attendre le choc. Après un crissement de pneus, un léger " clic ", se fit entendre. Les deux conducteur descendirent. La palabre dura cinq minutes. Aucun écrit, pas de passe passe de billets et chacun repris sa place.
Nous prenons le bus vers Gokarna. Je suis à côté de deux types qui me serrent sur la banquette. Mon fauteuil est au milieu de l'allée. Il bouge tout le temps. Zip est énervée par le mouvement et me demande de le tenir. Elle est installée derrière avec sa copine, elle en a rien à foutre de moi, je ne la supporte plus.
Incidemment, je regarde si j'ai bien toujours mon passeport. Je ne le retrouve plus, catastrophe. Je fouille mon sac, il n'y est pas. Nous sommes dans un village, je suis sorti pour pisser. Je remonte dans le bus et dis à Zip que je reste là car on m'a volé mon passeport, je dois aller faire la déclaration à la police. Zip me propose de rester. Je refuse. Je descend mes affaires, mon sac et le fauteuil. Je refouilles tout ça. Le bus n'est pas encore parti que je retrouve mon passeport très bien planqué dans ma ceinture, dans mon slip. Je me sens merdeux et je remonte, mine de rien, au fond du bus. Le bus redémarre, Zip vient se renseigner, elle ne comprend pas que je sois remonté dans le bus. Je pique un fard, je lui dis que j'ai retrouvé mon passeport.
- C'est bien la peine d'accuser tout le monde, me dit-elle, c'est tout juste si ce n'était pas de ma faute !
Je n'ai rien à dire, mais je suis décidé à poursuivre mon voyage seul. Elles veulent aller sur la plage pour dormir. Moi je décide de rester en ville. Je trouve un hôtel au fond d'une ruelle, le Nivas. La nuit plus le petit déjeuner coûte 58 roupees, à l'époque, nous avons six roupies pour un franc. J'aime Gokarna. C'est une petite ville de pèlerinage indou, c'est là que Ganesh enfant à volé sur la plage le Lingam au démon. Il y a une grande rue avec les commerçants, puis c'est la zone de temples. La plupart sont interdits aux touristes occidentaux. Il faut dire que beaucoup ne respectent pas la religion. Ils s'affalent sur les statues, rentrent en short dans les temples et beaucoup de femmes, avec les épaules nues. Un Brahman m'a repéré. Il me propose de visiter l'autre vers an de la ville. J'ai la chance de pouvoir le suivre partout, parfois, c'est lui qui me porte. C'est ainsi qu'il m'explique pourquoi les cobras sont sacrés ici, pourquoi le ganga, qui n'est pas le Gange a des vertus thérapeutique. Il me baigne dedans. Mais aussi, à chaque temple, je dois verser mon obole. C'est moi qui choisit la somme. Que ce soit dix ou cent roupies, mon compagnon est ravi. Il me touche les pieds chaque fois que nous nous rencontrons. Je fais couleur local : je me suis fais raser le crâne et j'ai acheté un pyjama, c'est le nom exact de cette tenue très simple, en principe blanche. J'ai acheté le tissus, il m'en a coûté soixante cinq roupees pour la faire couper et coudre. À part qu'il n'y a pas d'Indien en fauteuil, je pourrais passer pour un des leurs.
Pour mon anniversaire, je loue un bateau pour aller sur la plage Ôm beatch. C'est la pleine lune, qu'elle chance. Une partie est organisée par des Israéliens. Au large, le patron de la barque arrête son moteur. Je savoure un moment d'éternité sur cette mer d'huile. Quel contraste, toute cette beauté et toute cette misère. J'ai une pensée pour mes frères handicapés en France. Ils sont allongés sur leur lit, à la même heure, regardant la télé, une bière à portée de main, pour beaucoup. Je veux leur dire, bouger, aller voir le monde, faites vous accompagner, ne garder pas vos rêves en réserve…
Sur la grève, un français me propose de me porter à travers les rochers. Il est très grand, excité comme une puce. J'apprends plus tard, qu'il est défoncé à la goutte, une sorte de speed. La techno n'est pas génial, c'est de l'industrielle. C'est incroyable, venir sur une plage de rêve pour entendre de l'industrielle. Merde, pourquoi il nous met pas de la Goa transe ? Bon je suis ringard, c'est sûr, mais de l'industrielle, ça peut paraître logique dans la Babylone, mais ici…
Enfin je me fends bien la poire à faire des bonds sur les épaules de mon Français. Sans compter que je ne suis pas défoncé. Pour le retour, le garçon, tout costaud qu'il soit, manque de se foutre la gueule par terre à plusieurs reprises. Pour ça, je n'ai pas peur, j'ai mon petit ange qui m'accompagne.
Je suis pote avec un Népalais qui tient un petit restaurant sur la plage. Je lui propose de lui apprendre à faire des pommes dauphines et des choux à la crème. Il est partant. Un matin je me débrouille pour acheter tous les ingrédients et me voilà parti pour une aventure culinaire, ma première en Inde. Il n'a rien le bougre, pas même une spatule. Ses casseroles ressemblent à des boites de conserve, son four, une caisse en fer. J'arrive, je ne sais comment, à faire mes pommes dauphines et surtout, quelques choux. Pour la crème, c'est complètement raté. Enfin je suis content car les pommes dauphines sont ok. Je lui propose de goûter mes exploits. Non, me répond-il, il est végétalien. C'est à dire qu'il ne mange aucun produit animal. Je suis furieux, il aurait pu me le dire avant, j'aurais concocté autre chose sans œufs… Le pire c'est que je paie malgré tout mon repas ce jour là.
Un midi je tombe sur Zip et sa copine. Elles sont entourées par une flopée de mec. Nous décidons d'aller manger végétarien. Pendant le repas je glisse à Zip que j'aurais bien aimé parler seul à seul avec elle. Elle m'encourage à parler. Je lui dis que c'est dommage, ce voyage aurait pu être une histoire d'amour, si nous étions parti que tous les deux. Elle se met à rire très fort et dis, : " Notre histoire d'amour est finie depuis longtemps ! "
Je me retrouve dans mon fauteuil un peu plus tard comme un con. Il faut vraiment être con et à la limite prétentieux. J'espérais quoi ? " Tu as vu ta gueule, patate ? Tu as vu ta taille, on dirait trois pines à genoux ! Et puis à ton âge, on s'amuse plus à rêver à des minettes, surtout quand on se déplace en fauteuil ! "
Quelques jours plus tard, je prend le train pour aller vers Cochin. Le trajet doit durer douze heures. Il durera vingt quatre heures, juste le double de temps. Dans une ville quelconque, le train a été stoppé par des manifestants qui ont envahit la voie. Je pense que cette manifestation est en lien avec la grève de la poste. Il n'en est rien. Le but de cette manifestation est de protester contre l'interdiction faite aux intouchables de voyager dans les mêmes compartiments que les autres castes. C'est la Parti communiste qui a organisé cette manifestation, nous approchons du Kérala, fief des communistes.
Enfin j'arrive à Ernakulam, la face moderne de Cochin. Je vais sillonner la ville de long en large à travers les reekshaws, scooter à trois roues, servant de taxi à prix modique, les voitures, les camions, les bus. Nous sommes en pays chrétien, les vaches ne sont pas autorisée à rentrer en ville. Je suis sur la chaussée car les trottoirs sont impossibles à pratiquer en fauteuil, trop élevés à cause des pluies de la mousson. Je tourne dans la ville, car je me suis mis en quête de clinique ou d'hôpitaux ayur-védiques. Connue comme le système de soin médical le plus ancien au monde, la médecine Ayurvédique est la " grand-mère " des traditions curatives. Développée à travers des siècles de pratique, c’est une approche esprit, corps, âme envers la guérison qui essaie de garder les gens en bonne santé et à l’écart des maladies. Bien que des thérapies existent pour des affections précises, la médecine Ayurvédique est centrée sur la prévention de la maladie, y compris les problèmes de santé chroniques dont sont fréquemment atteints les individus aillant un dysfonctionnement de la moelle épinière.


Histoire
La médecine Ayurvédique est originaire d’Inde ancienne il y a plus de 5000 ans. Malgré – ou peut-être grâce - à ses racines anciennes, son influence sur le monde d’aujourd’hui est sans doute plus grande que l’on ne le pense.

Par exemple, selon la légende, Buddha, un grand admirateur de la médecine Ayurvédique, a envoyé des professeurs dans différents pays pour intégrer les perspectives Ayurvédiques dans les traditions de guérisons locales. Ces traditions sont alors devenues la fondation à beaucoup d’approches de la médecine d’aujourd’hui.

La médecine Ayurvédique a survécu à diverses menaces à travers les millénaires parce qu’elle était très ancrée dans les coutumes et culture des familles indiennes. Ces menaces venaient en partie des conquêtes étrangères de l’Inde par les nations musulmanes puis, plus tard, les Britanniques ont imposé leur médecine à la société indienne (c’est à dire la médecine conventionnelle).

Après l’indépendance de l’Inde en 1947, la médecine Ayurvédique a commencé à refaire surface et est redevenue plus populaire. Le Yogi Maharishi Mahesh, fondateur du Programme de Méditation Transcendantale, a facilité son introduction dans la société occidentale. La popularité de la médecine Ayurvédique s’est envolée après que l’auteur populaire Deepak Chopra ait commencé à publier des best-sellers sur le sujet.
Théorie
En Sanskrit, l’ancienne langue de l’Inde, Ayurvédique signifie la " science de la vie et de la longévité ". Elle essaie de donner un sens à la vie en vivant en harmonie avec la nature. Parce que ses origines sont anciennes, la médecine Ayurvédique est expliquée par des concepts et une terminologie qui ont été pensés sans les avantages de l’anatomie et de la physiologie moderne.

Il est possible que les personnes imprégnée de la pensée médicale du 20e siècle voient les théories - basées sur la tradition – de la médecine Ayurvédique comme archaïques et une application de soins médicaux limitée dans le monde d’aujourd’hui. Néanmoins, la sagesse ancienne a souvent beaucoup de validité. De plus en plus, la science moderne montre l’efficacité de beaucoup de thérapies et approches Ayurvédiques et explique comment elles marchent en termes scientifiques.
Votre profil Ayurvédique Âme-Corps
Selon la théorie Ayurvédique, tous les individus sont constitués de trois énergies basiques ou doshas appelées vata, pitta et kapha. Ces énergies sont présentes dans des proportions uniques à la naissance. Comme une empreinte digitale, votre mélange caractéristique, appelé prakruti, vous distinguera à vie quant à vos prédispositions physiques, mentales et émotionnelles. Il reflète votre nature essentielle, vraie. Bien que votre prakruti soit défini à vie, votre mélange au jour le jour de vata, pitta et kapha peut beaucoup varier selon la façon avec laquelle vous interagissez avec votre environnement (par exemple, stress, choix diététique, exercices et changements de saison).

Votre mélange du moment est appelé vikruti. Si votre vikruti est identique à votre prakruti (c’est à dire votre idéal Ayurvédique avec lequel vous êtes né), votre santé sera excellente. Plus simplement, si vous pouvez rester vrai à ce que vous êtes d’une perspective Ayurvedique, vous serez en bonne santé ; si vous ne pouvez pas, vous favoriserez la maladie.


Les doshas vata, pitta et kapha sont associés à des caractéristiques individuelles différentes
Le Vata est l’énergie vitale pratique associée aux mouvements physique et physiologique, la circulation et le système nerveux. Les personnes qui ont un dosha vata prédominant ont tendance à avoir des corps minces, légers, souples et sont de caractère rapide, changeant, imprévisible, enthousiaste et bavard. Ils ont souvent un esprit rapide et sont créatifs. Lorsqu’ils sont déséquilibrés, les individus vata ont des troubles du système nerveux, des problèmes d’énergie ou intestinaux, insomnie, peau sèche et anxiété. Le dosha vata est équilibré par des habitudes régulières, du calme, de l’attention aux fluides, une sensibilité moindre au stress, beaucoup de repos, de la chaleur, une nourriture stable et des massages à base d’huiles.

L’énergie Pitta gouverne le métabolisme. Les individus pitta sont souvent de taille moyenne et bien construits ; ils ont tendance à être fougueux, exaltés, ils possèdent un esprit vif et créatif, un regard pénétrant, un teint rubicond, un esprit de compétition et sont colériques. Lorsqu’ils sont déséquilibrés, ils souffrent de fièvres, de troubles inflammatoires, de brûlures d’estomac, d’ulcères, de rougeurs de peau, ressentent de la colère et de l’irritation. La modération, l’impassabilité, les loisirs, l’exposition à la beauté naturelle et moins de stimulants équilibrent le dosha pitta.

L’énergie Kapha gouverne la structure du corps et donne la force, la vigueur et la stabilité. Les individus Kapha ont souvent des corps forts, gros, en bonne santé, bien développés et ont tendance à prendre du poids. Ils sont d’humeur égale et calme, et ont une endurance impressionnante. Lorsqu’ils sont déséquilibrés, les individus Kapha sont prédisposés à des troubles respiratoires et des congestions, des problèmes sinusaux, l’obésité, des tumeurs et la léthargie. Le dosha kapha est équilibré par de l’exercice régulier pour le contrôle du poids, une diversité d’expériences, de la chaleur, de la causticité et une douceur moindre.


Equilibrer les Doshas
Pour garder la santé, vous devez vous efforcer d’équilibrer votre mélange de vata, pitta et kapha afin qu’il corresponde à votre idéal Ayurvédique avec lequel vous êtes né. Pour arriver à cet équilibre, vous devez savoir :

* Votre mélange de vata, pitta et kapha (vikruti), reflétant votre état de santé actuel,
* Votre constitution Ayurvédique avec laquelle vous êtes né (prakruti), reflétant ce que vous souhaitez regagner.


En d’autres mots, vous devez savoir où vous en êtes maintenant et ce à quoi vous tendez. Ces états peuvent être connus en utilisant les questionnaires dans la plupart des livres références de médecine Ayurvédique.

Une fois que vous avez compris le déséquilibre de vos doshas, vous pouvez prendre les mesures appropriées allant vous aider à réaligner votre mélange de vata, pitta et kapha dans la direction désirée. Par exemple, bien que vous soyez né avec une constitution kapha (prakruti), le stress de la vie moderne et une alimentation fast-food ont aggravé votre dosha vata. La conséquence en est que vous souffrez des troubles associés au vata, comme l’anxiété, l’insomnie ou des problèmes intestinaux. Pour remédier à ce déséquilibre, vous allez prendre les mesures pour diminuer l’aggravation des troubles du vata et développer l’expression du kapha.

En médecine Ayurvédique, ces mesures mettent en valeur le régime et l’alimentation, l’exercice, le repos et la relaxation, la méditation, les exercices de respiration, la phytothérapie et les programmes de désintoxication et rajeunissement. De plus en plus, la science moderne reconnaît les bénéfices de beaucoup de ces facteurs de style de vie. Par exemple, les personnes qui méditent voient leur docteur moitié moins ; ont un taux de cancer et de maladies du cœur inférieur et abusent moins des drogues ; et vieillissent plus lentement.


Thérapie holistique sensorielle
En médecine occidentale, les cinq sens ont un rôle thérapeutique peu important. Par exemple, si l’on vous donne un médicament, son goût ou son odeur n’est pas important. Cependant, en médecine Ayurvédique, les sens jouent un rôle clé car ils sont considérés comme la porte d’entrée de votre physiologie intérieure. En tant que telles, les thérapies Ayurvédiques essaient souvent d’évoquer des combinaisons sensorielles variées. Avec ce point de vue, la nourriture et les épices vont provoquer des réponses physiologiques, pas seulement à travers leur valeur nutritive mais aussi à travers le goût et l’odeur. Ainsi, en médecine Ayurvédique, le tout est plus important que la somme de toutes les parties.

Par exemple, prendre votre dose de vitamine C avec un jus d’orange fraîchement pressé sera meilleur qu’un cachet de vitamine C. En général, cette approche reflète une différence majeure entre les philosophies médicales holistique orientale et réductionniste occidentale. Là où la médecine occidentale essaie d’isoler et ainsi mettre sur le marché un composant physiologiquement actif d’une plante, la médecine Ayurvédique utilisera des préparations de toute la plante. En plus du composant actif, la médecine Ayurvédique croit que les autres composants synergiques et les aspects sensoriels provoqués de la plante sont aussi importants.


Régime
En médecine Ayurvédique, la digestion est le fondement de la bonne santé. Les doshas produisent un feu métabolique, appelé agni, qui transforme les aliments de la nourriture, des sensations et des pensées en une forme que votre corps peut utiliser. Si votre feu digestif ou agni ne fonctionne pas correctement du à un déséquilibre des doshas, vous produirez des toxines, appelées ama. L’ama va obstruer à la fois vos canaux physique (par exemple intestins, artères, etc.) et non physique (par exemple, l’énergie) de votre corps. Pour éviter l’accumulation de ama, les individus devraient favoriser différents types de nourriture selon s’ils sont plus influencés par les doshas vata, pitta ou kapha (voir les sources listées ci-dessous pour les recommandations diététiques).

Selon la théorie Ayurvédique, le régime américain aggrave le dosha vata, ce qui a pour résultat les nombreux problèmes de santé caractérisant la société américaine.


La médecine Ayurvédique et le dysfonctionnement de la moelle épinière
Les blessés médullaires ont plus de problèmes de santé chroniques. Il est dit que ces problèmes viennent, ou sont aggravés par les changements physiologiques et métaboliques considérables qui surviennent dans le corps après une blessure. D’une perspective Ayurvédique, ces changements augmentent la divergence entre votre vikruti (votre mélange actuel de vata, pitta et kapha) et votre prakruti (votre idéal de vata, pitta et kapha avec lequel vous êtes né).

Plus précisément, une blessure médullaire développe un déséquilibre du vata. S’il n’est pas corrigé, l’ama (les toxines) vont s’accumuler, obstruant les canaux de votre corps et, ainsi, vont causer la maladie. Aussi, les personnes avec une blessure médullaire doivent être vigilants dans leurs efforts pour regagner un bon équilibre des doshas, surtout ce qui concerne la nourriture et les comportements.

Selon le Dr Rama Mishra, un docteur de tout premier plan en médecine Ayurvédique formé en Inde, certaines épices sont recommandées pour nettoyer les canaux de ama après n’importe quel type de blessure. Cela inclus : du safran des Indes, du poivre noir, du gingembre, de la coriandre, du fenouil et du réglisse. Il fait aussi remarquer que sa compagnie, Maharishi Ayur-Ved products, quartiers généraux dans le Colorado Springs, mettra bientôt sur le marché un produit multi-herbes (seulement par l’intermédiaire de professionnels de la santé) appelé " ReGen - Nerve ". Une de ces herbes est dérivée d’une plante appelée Mimosa pudica. Selon des études animales, cette herbe favorise la santé neurale.

Plus précisément, des scientifiques ont observé chez les rats avec des blessures expérimentales du nerf sciatique (qui s’étend du bassin à la partie supérieure de la jambe) que la régénération était de 30 à 40% plus grande chez les animaux traités avec l’extrait de Mimosa pudica.

Bien que les possibilités soient certainement intriguantes, le Dr Mishra ne sait pas si ce produit à base de plante peut être bénéfique aux blessés médullaires de façon significative.



Conclusion
En conclusion, la médecine Ayurvédique représente une ancienne tradition de soins médicaux qui devient de plus en plus populaire en tant qu’approche alternative pour la guérison. Le fait qu’elle attache de l’importance à l’entretien de sa santé par la mise en valeur de la capacité inhérente à la guérison a une pertinence considérable pour beaucoup de problèmes de santé chroniques, y compris ceux dont souffrent les personnes avec un dysfonctionnement de la moelle épinière.
Sources : Pour plus d’information sur la médecine Ayurvedique, consultez les sources suivantes :

1. The Complete Book of Ayurvedic Home Remedies, de Vasant Lad, Three Rivers Press (1998
2. Perfect Health: The Complete Mind/Body Guide, de Deepak Chopra, Harmony Books (1991
3. Ayurveda: The A-Z Guide to Healing Techniques from Ancient India, de Nancy Bruning & Helen Thomas, Dell Books (1997

Remerciements spéciaux à : Dr. Rama Kent Mishra, Director Research, Maharishi Ayur-Ved Products (www.mapi.com & 800/461-9685), et Cary Valentine, Rocky Mountain Ayurvedic Health Retreat (800/247-9654).


GLOSSAIRE

AGNI : le feu digestif qui fournit l’énergie dont le corps a besoin pour fonctionner.

AMA : impuretés toxiques restant après une digestion incorrecte, ce qui est la cause de beaucoup de maladies.

DOSHA : les trois forces (vata, pitta et kapha) qui déterminent la constitution d’un individu, contrôlant les fonctions de l’esprit et du corps.

KAPHA : un des trois doshas, il détermine la structure du corps.

PITTA : un des trois doshas, il détermine la digestion et le métabolisme.

PRAKRUTI : votre nature inhérente, exprimée par la proportion des trois doshas avec lesquels vous êtes né.

VATA : un des trois doshas, il détermine le mouvement.

VIKRUTI : votre état actuel ; la proportion des trois doshas qui fluctue avec votre santé.

Le massage et la méditation sont des éléments importants de la médecine Ayurvédique


Pendant les dix jours où je reste à Cochin, je ne visite qu'un seul hôpital. La visite est gratuite, le médecin ne se prononce pas sur mon cas. Il m'invite plutôt à contacter un de ses collègues à Trivandrum.
En arrivant à la gare de Trivandrum, je tombe sur un taxi reeckshaw très sympa qui me conseille d'aller vivre au bord de la plage à Kovalam. Je débarque ainsi au Peeckoc hôtel. Je trouve une chambre à 100 roupees par jour.
Kovalam est une plage à touristes. Il y a un salon de massage tous les dix mètres. J'habite pas loin de phare. Je pense avoir essayé à peu près tous les masseurs alentour. Je bois le thé devant la porte d'un Cachemiri vendeur de bijoux et d'artisanat. Nous refaisons le monde par petit bout. Il me parle de sa région, je lui parle de la France.
Sur le bord des routes, des femmes cassent des cailloux pour faire du gravier. Elles sont là toute la journée, même quand le soleil est à son zénith. Combien gagne-t-elles ? J'ai honte du peu de fric que j'ai. Du trop peu, car j'aimerais leur glisser un billet. Elles ne demandent rien, elles cassent des cailloux et les touristes passent le nez au vent, la gueule enfarinée de crème à bronzer…
Et combien de voisins de passage que je rencontre : deux Français du 93, petits beurs de retour de Pondichéry, sous le charme d'Euroville, du cristal dôme et qui me raconte avoir acheter un mouton pour faire l'Aïd dans un village indien… Deux anglais alcoolos adorables; qui me trimballent sur leur dos pour me faire découvrir des coins de la plage que je ne connais pas, des restaurants où ils ont leurs habitudes, leurs bières. .. Cet Iranien qui veut absolument se marier avec Amma.
Amma, c'est la mère du Sud de l'Inde, elle à un ashram dans le Kérala mais c'est à côté de Trivandrum que j'ai été la voir. Il y a une foule énorme, les hommes d'un côté et de l'autre les femmes. Au début il y a la récitation des mantras, puis elle vient chanter. C'est magnifique, elle a des envolées de voix, magiques, divins. Après, elle est assise sur un trône et chacun vient se faire embrasser. Moi j'arrive par la sortie. Comme je suis un occidental, on me laisse passé, ses assistants me porte vers elle. Je suis dans ses bras. On lui souffle que je suis Français. Elle me dit : " Mon chéri, chéri ". Dans le texte. Je manque éclater de rire, je pense à Alice Sapritch. Elle me demande de rester sur la scène avec ses assistants. Tout le monde est en blanc, moi je suis en noir. Bien sûr il faut toujours que je ne fasse pas comme les autres. Pourtant le masseur de l'hôtel m'avait bien dit de me mettre en blanc…
Trivandrum est une ville où il est interdit de fumer, même dehors. Enfin on peut fumer, mais on a pas le droit de jeter son mégot par terre. Pour celui qui connaît l'Inde, c'est vraiment risible. Il y a plein de policiers pour protéger Amma, je vais fumer ma cigarette sous leur nez. Aucun ne me dit rien. Je suis vraiment un petit con.
Donc la seconde fois j'amène mon Iranien voir Amma, il profite de ma présence pour ne pas faire la queue. Il l'embrasse, mais il n'arrive pas à la convaincre de son amour. Elle ne veut pas se marier avec lui. Il est tout déçu.
Amma me paraît un être d'exception, dans son ashram elle a fait construire un hôpital pour soigner les pauvres. Tous les ans, elle distribue une pension pour les veuves qui viennent la voir. J'ai observé de mes yeux, l'attention qu'elle porte à chacun. La seule critique que je ferais concerne son entourage immédiat. Ce ne sont que des occidentaux en majorité des américains, c'est un peu crispant.
Je rencontre un couple étonnant. Ils sont Français tous les deux et vivent en Australie. Ce qui est étonnant c'est leur âge respectif : lui à soixante treize ans et elle quarante trois. Ils sont mariés ensemble depuis vingt ans, ils ont deux enfants. Ils paraissent très amoureux. Ce n'est pas lui qui vient ici pour sa santé, non c'est elle. De les voir me rassure. Je repense aux réflexions débiles que je me suis faites lors de ma dernière rencontre avec Zip, à Gokarna.
Avec Rasheed mon taxi draver, je couvre une bonne partie de la région de Trivandrum, à la recherche de masseurs et de thérapeutes ayur-védiques. Dans l'hôpital central de la ville j'ai pendant une dizaine de jours, un faux espoir. Un médecin, amputé d'un bras, m'ausculte et fait une demande pour que je sois hospitalisé dans son service. Le prix des soins est dérisoires. Alors que je m'apprête à donner congé à mon hôtel, j'apprends que je ne peux bénéficier de l'accueil d'un hôpital gouvernemental car je suis étranger. Je comprends tout à fait ce point de vue. Mais quand je vais à la clinique pour étranger, les prix n'ont rien à voir. Il faut compter à peu près cent dollars par jour. Je réponds oui, oui, mais je ne donne pas suite. Sinon, je vais chez plusieurs masseurs. Le rite est souvent le même : On me demande de choisir une huile, je me déshabille, tout nu quand le masseur est un homme, en culotte lorsque c'est une femme qui pratique. J'ai beau expliquer que ma maladie est nerveuse, les masseurs insistent sur les muscles. Parfois je repars avec des médicaments à base de plantes.
Je rencontre un jour un médecin espagnol qui me porte dans l'eau. Il veut que je profite de la mer. Je suis tout petit mais il faut de la force pour me tenir. Heureusement il est costaud et je découvre, grâce à lui, la beauté de la mer. On dit que c'est l'endroit où la mer est la plus claire d'Asie. Les mauvaises langues, disent que c'est là où elle est la plus dégueulasse. Moi, je l'ai vue très claire le jour où Manuel m'a fait nager, enfin je devrais dire barboter car vu que je ne contrôle pas mes jambes…
J'ai remarqué, depuis quelques temps, une fille qui se balade avec une canne. La solidarité des boiteux m'attire vers elle. C'est son mari, Popol, qui m'aborde.
- Avec ma femme, ça fait un moment qu'on te voit. Dany a un problème avec ses jambes depuis plusieurs années et si tu l'avais vu il y a trois ans, tu ne la reconnaîtrais pas. Il y a trois ans, elle ne marchais quasiment plus et maintenant, regarde. C'est pour cela que je te le dis, va à Delhi voir le docteur Khan. C'est un acupuncteur. Tu ne risque rien et ce n'est pas un escroc comme il y en a la pelle ici. En trois ans, il a redonné de l'équilibre à Dany. Nous passons un mois à Delhi, Dany va chez lui tous les jours, puis nous venons ici pendant quatre mois et repartons un mois à Delhi avant de rentrer en France. Dany adore nager, c'est exellent pour elle, elle se muscle et regarde là, elle est pas belle ma femme ?
Je dois avouer que je suis sous le charme lorsqu'elle vient s'asseoir près de moi. Je la trouve gentille, intelligente, patiente. Bon j'arrête là,car je vais tomber amoureux et ça c'est interdit. Sans compter, que même si c'est un râleur, le Popol a du charme, je vois bien que j'ai qu'à aller me faire voir.
À partir de ce jour-là, j'ai le nez sur la courbe des températures, pour savoir quand je peux monter vers Delhi. Abdul, mon ami cachemiri s'occupe de mon billet. Je fais gaffe avec lui, j'ai l'impression de me faire un peu voler. Les lettres que je lui ai confié pour la France, une trentaine, ne sont jamais arrivé, comme je lui avait donné l'argent pour l'achat des timbres… Mais pour le billet, tout baigne et je prend mon train pour Delhi le 12 février.
Trois jours et trois nuits dans un compartiment avec deux autres compagnons. L'un a soixante ans, mince, c'est un Brahmane, il ne s'en vante pas mais j'ai vu le cordon qui le ceint. C'est un yogi, il fait ses exercices de respiration sans gêne et de façon ostentatoire. Il souffle comme un bœuf, ne parle jamais, sourit très peu et surtout, je sens qu'il me trouve trop bavard. Oui bavard, car il y a aussi un militaire qui rejoint sa garnison au Cachemire. Lui est hindouiste aussi mais il est claire qu'il déteste les musulmans. Je tente de lui faire parler de la guerre, mais il ne se livre pas beaucoup. Il est plus prolixe sur le Kerala, sur sa famille qu'il laisse. Il a deux filles et non il n'est pas triste de ne pas avoir de garçon. Il est bien décidé à ne pas avoir d'autres enfants car il faut de l'argent pour les dots. Mais il adore ses filles et sa femme.
- L'Inde évolue, me dit-il, ma femme travaille dans l'enseignement, nous vivons dans un état qui lutte contre le phénomène des castes. Mes filles sont trop petites encore pour que je me préoccupe de leur avenir. Je vais tout faire pour rester en vie pour elles.
Dans le prix du billet, la bouffe est comprise ainsi que le thé. Moi qui bois du black thé, j'ai droit à un thermos matin et après-midi.
Lorsque je dis que je descends à la station Nizamuddin, mon militaire pète les plombs. Déjà il me demande de parler doucement car des gens pourraient entendre et être affolés. Ensuite il me déconseille de le faire car c'est dangereux, c'est le quartier musulman de Delhi.
J'ai beau lui dire que c'est là qu'il y a le médecin qui doit me traiter, il ne veut rien savoir. Je quitte le compartiment avec le sentiment de l'avoir trahit.
En sortant du train, je fais la connerie de confier mon bagage à un porteur qui me suit. Arrivé au taxi, il exige 50 roupies, je me suis fais avoir, c'est le prix de la course pour aller trouver un hôtel. Je suis décidé à vivre à Nizamuddin, pas loin du toubib.
Le taxi fait trois fois le tour du quartier avant de trouver un hôtel qui m'accepte. Le gardien de l'hôtel sort sur le pas de la porte, lorsqu'il voit que je suis occidental, il fait non de la main. Un seul m'accepte, je vois qu'il est impossible de discuter le prix, c'est 300 roupies à prendre ou à laisser. Ok, je prends.
Le lendemain matin, je pars à la découverte du quartier de Nizamuddin. Ezrat Nizamuddin fut un soufi très célèbre au XIIème siècle. Sa tombe est là ainsi que d'autres soufis célèbres. Près de l'hôtel se trouve l'entrée des tombes. On y vend des pétales de fleurs que l'on jette sur les tombes. Une foule immense parcours les ruelles du quartier. Cette foule vient du monde musulman. Les rues sont sales, les enfants sont sales mais les brebis et moutons sont d'une blancheur incroyable. Tout se passe dans la rue. Les bassines de friture pour les gâteaux au miel, plus loin le réparateur de vélo, puis le boucher allal, puis le vendeur de livre de prières, puis celui de tabac qui a des feuilles posées sur son comptoir pour composer du bétel, espèce de pâte qui fait cracher rouge. Moi qui suit curieux comme une pie, j'ai de quoi me rassasier.
C'est ainsi que j'arrive à la moquée. Je demande à un commerçant, la clinique du docteur Khan, il me montre du doigt la porte à côté.
Je rentre sous un porche, à droite un escalier descend, je le prend. Je demande à voir le docteur Khan. Un homme affable, pas très grand, une fine moustache souligne un sourire. Je me présente en lui disant que je viens de la part de Dany. Il me sourit de plus belle en remuant la tête à la façon indienne. Je prends moi-même ce tic lorsque je suis en Inde. La première fois c'est à l'arrivée à Bombay, je demandais si il avait une chambre, le patron balançait la tête comme ça, j'ai cru que cela voulait dire non, je tournais le fauteuil pour repartir, quand il me dit : " No problem, no problem !!! "
Le docteur Khan me fait asseoir, il prend mes pouls, je dis mes, car je sais que comme les tibétains que j'irais voir plus tard, il prend trois poux. Il me fait tirer la langue. Il me dit : " Vous devez acheter trente deux aiguilles et vous choisissez de venir une ou deux fois par jour, chaque séance dure quarante minutes et vous coûte soixante dix rupees. Je pense pouvoir vous aider mais ce sera long "
Je suis allongé sur le ventre, le docteur Khan, délicatement, tapote avec ses doigts l'endroit où il va piquer. Une assistante vient avec une sorte de batterie et plein de fils. Il montre à son assistante les endroits où il faut mettre les cosses. L'électricité branché, me voilà sautillant sur mon matelas. À la fin de la séance, après avoir payer, je récupère une carte bleue où il y a marqué le diagnostic : Paraparesie-ankylosie. Voilà qui me parle, ma paralysie me crée des ankyloses. Il va me piquer deux fois par jour en branchant sur certaines aiguilles des électrodes alimentées par un courant basse tension.
Au bout de trois jours de ce traitement, mon état s'inverse c'est net. Je parviens à nouveau à bouger mes orteils, ma sensibilité tactile revient. Je suis heureux, profondément heureux. Je visite Delhi, me fais arnaquer par des taxi reeckchows peu scrupuleux. Mais je garde le moral. Je circule en fauteuil dans les jardins, je découvre une autre face de l'Inde. Des femmes voilées qui accompagnent leurs hommes chez Khan et qui me regardent les fesse quand je me fais piquer, je les trouve indécentes, elles se cachent derrière un voile et elles me regardent les fesses.
Il y a un mélange incroyable chez les habitués du docteur Khan. Des riches, très riches, des pauvres, très clochards qui sont piqués gratuitement et servent aussi de terrain d'apprentissage pour les assistants du docteur.
Un jour, je suis près du parc de Nizzamudin, un homme tout de blanc habillé, s'approche de moi, il me demande de quoi je souffre. Je lui montre ma jambe. Je fais une pression sur mon pied avec la main et le pied tremble. Il me demande d'enlever ma chaussure et ma chaussette. Je lui obéis. J'ai compris que c'est un chaman car il sort des instrument en fer de sa besace. Il s'approche avec une sorte de cornet de dix centimètre. Il aspire dans le tube. Il me fait mal. Il me demande de regarder. Il crache dans une bassine un mélange de pus et de sang. Il pense m'impressionner, il ne sait pas, le bougre, que je suis passé par les Philippines, que ce genre de passe passe, ne me touche pas. À sa décharge, il ne me demande rien, pas un sou. C'est très bien ainsi, car je suis bien décidé à ne rien lui donner.
Un autre jour, je passe la grande avenue qui traverse Nizzamudin, pour aller voir les médecins tibétains. Le docteur que je rencontre est venu à Bordeaux, il aime la France, il espère y retourner. Il prend mes pouls et me donne une liste de médicaments à prendre. Il est d'accord pour que je suive le traitement du docteur Khan. Je vais prendre ces médicaments pendant le séjour que je fais en Inde.
J'habite à l'autre bout de Delhi, dans un quartier résidentiel, chez un ami français, médecin à l'Ambassade. Il vient d'arriver et je l'aide à s'installer. Enfin aider et un grand mot, je l'accompagne dans les marchés et je lui donne mon avis sur ce qu'il achète. Je fais la cuisine. J'adore aller sur le marché chercher les légumes et autres épices. J'ai organisé un repas pour la famille du docteur Khan. Un repas à la française avec poulet et pommes dauphines. Vous allez dire que je n'ai pas beaucoup d'imagination culinaire. C'est un peu vrai et de toute façon, je suis certain que le bon docteur n'a jamais manger ces petites patates. J'ai raison. Il est ravi, moi un peu moins, c'est un vrai bordel. Il arrive avec sa femme et ses enfants en costume cravate. À côté, on fait un peu hippies. Je ne lui ai pas servi d'alcool car c'est un musulman. Oui, mais c'est un soufi. Quand je lui explique que les repas en France sont accompagnés par du vin, il me répond qu'il lui arrive de boire de l'alcool. La tarte aux pommes sera servi avec du Bordeaux. Je sens que je suis remonté dans le palpitant du toubib.
Certains après-midi, je les passe à Pahar gange. C'est le quartier pas cher pour les étrangers plutôt babas. Popol m'avait donné le nom du Koshla, le bistro des Français. Je rencontre là les amoureux de l'Inde. Qui vient en Inde pour la première fois et qui débarque à Delhi, à intérêt à passer par là. On est au courant de tout ce qui se passe dans le sous continent indien et même en Chine. On y rencontre les derniers aventuriers, les amoureux des pierres, des armes, de la dope… Vous y trouvez le meilleur et le pire. La rue est un spectacle permanent avec ses cireurs de pompes en vrai et au figuré. Ses clochards, ses clochardes, petites vieilles à qui l'on donne le bon Dieu sans confession et que l'on surprend un jour en train de maltraiter des enfants. Les enfants, on les voient travailler, trimer sous un soleil de plomb, poursuivi par la milice habillé en militaire, armé de bâton. Bien sûr on s'attache à certains, on a ses favoris, pourquoi celui-la plutôt qu'un autre ? Je vais rencontrer des gens super, des gens qui vont devenir de vrais amis. Qu'ils soient Français, Brésiliens, Égyptiens, Israéliens, Suisses, Espagnols et j'en oublie. Je passe des moments de grâce où je reste la bouche en cul de poule à écouter les histoires.
Cette année c'est l'année de la grande Cumba mela. La rencontre de millions de sâdhu. Ceux qui en reviennent me raconte des histoires pas possible… C'est Jeanne qui me raconte l'histoire de l'envoûtement de sa fille par un sâdhu. Il voulait la baiser, elle lui a résisté, il s'est vengé. Voir sa fille déjanter, haïr l'Inde alors qu'elle y est née. S'enfermer dans sa chambre en Italie et refuser d'entendre le moindre son qui fait penser à l'Inde, la moindre odeur de curry. Voir sa fille se fragmenter, perdre pieds, ne pas savoir comment la remettre sur la route. Et le miracle existe. Une rencontre avec celui qui doit passer le message. Un sâdhu peut aider. Il faut lui envoyer une mèche de cheveux, raconter l'histoire, donner le maximum de détails et attendre. On ne paie qu'au vu du résultat. Le bonhomme enferme tout le fatras dans une bouteille et place celle-ci autour du feu. Quand la bouteille explose, le charme s'évapore. C'est arrivée ainsi pour la fille de Jeanne. Un matin elle s'est levé dans sa maison au Portugal, en demandant à sa mère pourquoi elle ne pouvait pas mettre la main sur un Cd de musique indienne. Entendant cela, Jeanne compris que sa fille était sauvée. Elle envoya beaucoup d'argent au sâddhu.
23
En éternelle reconnaissance
aux dieux de l’Inde


Je n'ai plus qu'un souci, trouver le moyen de me financer un nouveau voyage en Inde. Six mois plus tard c'est chose faite grâce à une boite de crédit qui n'exige pas de savoir le détail de mes revenus. C'est très bien ainsi car je n'ai pour vivre que ma pension d'invalidité, c'est à dire autour de 500 euros par mois. J'ai le privilège d'habiter avec mon ami prêtre, il ne me demande de ne m'occuper que de moi, que de ma santé. Vraiment c'est de la chance d'avoir de tels amis. Mon ami François et sa femme Flo, m'aident aussi beaucoup, même si je l'énerve d'être croyant, il me donne de l'argent. Il est plus chrétien que beaucoup qui disent prier pour leur prochain.
Je repars en Inde pour un mois. Je ne bouge pas de Nizzamudin. Je vais deux fois par jour chez le docteur Khan. J'ai mes habitudes, je retrouve les habitués. Le garçon qui vient en scooteur avec son père et qui marche comme moi avec deux cannes. Le clochard qui est de plus en plus souriant devant la mosquée. L'ingénieur qui a fait carrière au Canada et qui parle quelques mots de français, toujours les mêmes, mais qui insiste car personne ne comprend et il est fier. Il a une hémiplégie, sa paralysie s'estompe. Cet enfant qui vient toujours porté par son père, qui est si joyeux jusqu'au moment où le docteur le pique. Les enfants sont piqués uniquement par Khan, jamais je n'ai vu un assistant toucher un enfant. Et puis cet autre enfant qui vient pour une paralysie faciale, que je n'ai jamais vu sourire et qui éclate d'un si beau rire le jour où le docteur lui apprend qu'il n'a plus à revenir. Ce jour-là, je vois une larme dans le coin de l'œil du docteur Khan. Ce rire est son plus beau cadeau.
En même temps, tous les soirs, je me fais masser. J'ai l'impression d'avoir de la glace à la place du sang, c'est bizarre. Il me masse si fort le petit bonhomme, que j'ai des bleus sur les jambes. Le docteur Khan qui m'a conseillé ce masseur, lui demande de se calmer. Il a une façon de me masser la tête très particulière. Au bout d'un moment j'ai l'impression que mon crâne est un chewing gum. Il ne parle pas un mot d'anglais, alors ça me force à baragouiner en hindi.
C'est la première fois depuis que je suis en Inde, que je me suis fait insulter dans la rue. Les turbans noirs des talibans sont très présent ici. Lors de mon dernier voyage, j'avais discuté avec un taliban afghan qui avait été très sympa avec moi. Mais je ne suis pas une fille et même si je ne cache pas que je suis chrétien, il m'arrive de porter la calotte musulmane. Quand je dis bonjour, je dis : " Sala malekum ! "
Ce matin, un type m'a dit : " Shalow ! ", ce qui veut dire casse toi… Les américains sont en Afghanistan, la haine est pour tous les occidentaux.
À mon retour, j'ai de plus en plus de mal a m'adapter au paysage français, à la vie française. Tout me paraît vide, sans relief. Pourquoi je suis revenu ? Je le sais, j'espérais un travail. Quand on est handicapé, il ne faut pas rêver, il faut prouver qu'on est meilleur que les autres. Regardez, qui s'occupe de trouver du travail pour les handicapés, toujours des valides. Le seul endroit où j'ai vu un handicapé être le psychologue des handicapés, c'est à Carpape en Bretagne.
Au bout de trois mois, je repars en Inde. Cette année je dois m'occuper de mes dents. Si je fais le travail en France, cela doit me coûter dans les dix milles euros et dix fois moins en Inde, pour le même travail. Je prend un billet pour Paris Delhi en direct. Pendant un mois je partage mon temps entre le docteur et le dentiste. Cette fois, j'habite à Pahar Gange. Je retrouve les amis de l'année passée, je rencontre d'autres amis. L'Inde est un pays pour gens fidèles. Quand j'arrive dans le quartier, je suis reconnu de loin. Les enfants se précipitent pour me pousser, pourtant ils savent que je vais me fâcher, ils savent que ma colère est feinte. Bola mon taxi reeckchow préféré vient me raconter les dernières nouvelles du quartier. Que ce soit au Madam ou au Koshla, on est sûr de voir quelqu'un de connu, de bavasser un moment en buvant qui un thé, qui un nescafé ou un coca…
Je rencontre Jean-Michel. Cela fait cinq ans qu'il vient passer six mois par an en Inde, son fils est en prison à Tihar, la prison de Delhi. Je visite Léo avec son père.
Il me raconte son histoire :
- Je jouais au Backgammon dans le bar du transit de l’aéroport international Indira Gandhi à New Delhi, tout en spéculant comment j’utiliserais les bénéfices de mon trafic, (environ 26.000 Euros). Il était à peine 21 h et il me restait une paire d’heures d’attente avant mon vol pour Zurich. Mon concurrent et moi-même fut surpris lorsque deux inspecteurs des douanes apparurent et m’emmenèrent avec eux. Je fut conduit dans un bureau pour identifier mon sac à dos. Le hash était empaqueté dans du papier carbone, afin de ne pas être détecté aux rayons X et cousu dans le sac. J’étais en état de choc, quelqu’un m’avait-il balancé ? Impossible ! Mon contact népalais étant un ami sûr.
Le lendemain, Léo se retrouve dans une cellule de la section N°5 pour mineurs, parmi 80 autres prisonniers, la plupart internés pour viols et violences. Léo venait de fêter ses 19 ans le 1er juillet.
- Les premiers mois furent les pires de mon existence ; Je me donnais un ultimatum : Soit le suicide, soit je me transforme radicalement.
La prison de Tihar, construite en 1958, a la triste réputation d’être un enfer sur terre, corruption, chantages et violences sont quotidiennes. Pourtant, quelque chose a changé depuis le 1er mai 1993, date à laquelle, une petite femme, décidée et incorruptible se voit confier la direction du pénitencier. Elle s’appelle Kuran Bedi et commence à déplacer gardiens et prisonniers, interdit le droit de fumer et impose la prière matin et soir pour tous y compris le personnel.
En automne 1993, elle introduit le Vipassana, une méditation comme instrument de réhabilitation, mais aussi comme punition pour les irréductibles. Vipassana est une ancienne forme de méditation réactualisée par Bouddha, il y a environ 2500 ans. D’après les écrits Hindous, elle se pratiquait déjà il y a 5000 ans dans la même forme. En 1994, un centre permanent est inauguré dans la section N°4 de Tihar et depuis cette date, environ 8000 détenus ont suivi les cours qui consistent en des retraites de 10 jours
- Bouddha a médité Vipassana pendant sept années avant d’atteindre l’illumination. Nous restons en méditation 10 jours seulement, dans un silence ininterrompu, pas évident tout de même. Pendant les cours, nous nous levons à 3h30 du matin et nous méditons, avec quelques courtes poses, jusqu’à 21h du soir. Les deux trois premiers jours sont les plus difficiles physiquement. Chaque muscle devient douloureux et lorsque, petit à petit, je me familiarise avec la douleur, survient l’autre descente en enfer. Car lorsque je fais Vipassana, je vais au fond, où toute ma mémoire, mes expériences traumatiques, surgissent de mon inconscience. Il s’agit de ne pas réagir à ses sentiments et sensations. Seulement les observer et les identifier. Vipassana veut dire, regard intérieur et c’est une technique scientifique, pas de hocus-pocus. À chaque cours, j’enlève (j’épluche) une nouvelle couche, m’enfonce plus profondément, jusqu’à prendre conscience de chaque petit électron qui en fait, m’anime.
- Tout le monde a dit que j’étais fou ou idiot quand j’ai plaidé coupable et reconnu avoir transporté ce haschich. J’aurais peut-être été libéré à mon procès, il y a trois ans maintenant. Mais c’était trop important pour moi de dire la vérité, moi qui avait été un menteur professionnel, une grande période de ma vie. J’ai menti à mes parents, à mes amis, en pleine face. Alors, lorsque la juge m’a demandé si j’étais coupable des faits qui m’étaient reprochés, j’ai dit oui. Elle m’a jugé et condamné à la peine minimum, 10 ans d’emprisonnement, sans remise de peine. Même aujourd’hui encore, je pourrai être libérable, si je revenais sur ma confession, mais je ne peux pas, c’est pour moi un code d’honneur, mon amour propre. C’est trop important, pour moi, de garder mon intégrité personnelle. J’ai honte de tous les problèmes que j’ai causé à ma famille et toutes les personnes qui m’assistent et à cet effet, doivent bosser en extra pour moi. Mais, je ne regrette rien, parce que c’est le passé et donc c’est derrière moi. J’ai longtemps réfléchi à propos du ciblage médiatique, cela pouvait aider ma cause, mais au début ma famille était contre, ma mère surtout…

Leo a été libéré le onze décembre 2002 par du décret présidentiel.

Un matin, je suis en train de prendre mon petit déjeuner tranquille, un pan cake accompagné d'un café. Un gars vient s'asseoir en face de moi. Il me demande si je suis bien Jean-Pierre Moreau, tout en jetant un œil sur le fauteuil qui est à côté de moi. Je répond par l'affirmative et je le laisse se présenter. C'est mon ami toubib qui lui a parler de moi avant de rentrer en France. Je suis étonné mais bien sûr, un Européen en fauteuil roulant, ça ne " court " pas les rues… Il s'appelle André. C'est un Français qui vit dans un village paumé de l'Himalaya, où il est marié avec une indienne avec qui, il a fait un bébé. Il a quitté la France à la suite d'un grave accident de moto. Les médecins ne lui ont laissé aucun espoir : " Vous ne remarcherez plus . " Seulement dans son coma, il a vécu une NDE au cours de laquelle il a rencontré un lama, qui lui signalé que son moment n'est pas venu. Au réveil, André a immédiatement décidé de partir au Tibet… en se forçant à marcher avec deux cannes. Le plus drôle, c'est qu'il le rencontre, son lama, et qu'avec lui, il décide d'apprendre le tibétain. Le lama le fait marcher tous les jours. Ils prennent des chemins de plus en plus difficiles. André insulte son compagnon, lui ne réagit pas, il est de marbre. André est impressionné par le bonhomme qui tous les soirs, aux étapes, donne son cours de tibétain. Il a remarqué que le lama est gourmant, il réagit très vite sitôt qu'il voit une tablette de chocolat. Un soir, allongé sur sa couche, André demande en tibétain au lama s'il veut du chocolat. Le lama ne répond pas. Quand il sort la tablette, le lama tend la main. Voilà, c'est évident, se dit André, il ne répond pas à mes insultes, car il est sourd.
Il reste ensemble pendant trois mois et André décide de rester dans une vallée près de Rishikech. Il a de l'argent, c'est la prime de l'assurance suite à son accident. Il rencontre un Belge qui lui conseille de faire Amaroli. C'est pour cette raison qu'il veut me rencontrer, pour m'initier.
André, dans son village paumé a demandé au maire du village de faire passer la nouvelle qu'il cherche une femme pour se marier. Il rencontre ainsi Koran, une jeune fille de vingt ans qui décide de choisir un étranger pur être tranquille, pour ne pas être battue. Oui, depuis l'accord conclu par Rachid Gandhi avec les américains, le haschich est interdit en Inde, alors que l'alcool, qui auparavant était prohibé, est maintenant en vent libre. Résultat, les violence familiales sont de plus en plus fréquentes.
Cela fait trois ans, quand je le rencontre, qu'il pratique la méthode Amaroli, il marche, il court même dans la montagne ! C'est pour me convaincre qu'il m'invite à venir le visiter dans son repaire. Quand je lui fais remarquer la grande difficulté à voyager en fauteuil dans la montagne, il balaie le problème d'un revers de main : " La volonté est la mère du changement. "
Mes filles sont venues me rejoindre. La plus grande est en balade avec une copine à Bénares, la plus jeune, Zina, vient d'arriver. Nous devons nous rejoindre dans l'Himalaya, dans un village de la vallée de Manali, Nagar, chez Gillou. C'est un Français qui vit en Inde depuis vingt cinq ans, qui est marié à une Indienne avec qui il a quatre filles, il tient avec sa famille une Guest house.
Avant d'aller à Rishikech, je suis décidé à profiter du séjour de mes enfants. Avec Zina, nous allons porter des médicaments qu'elle a ramené de France pour une association qui travaille dans la Rajastan : " Le théâtre de l'opprimé. " Ils sont basés à Jaïpur. Nous rencontrons là, des jeunes passionnés, issus de la plus haute caste, qui lutte contre ce système de castes, en jouant dans des bidonvilles, pour des enfants défavorisés. Le principe du théâtre de l'opprimé, c'est de jouer des sujets interdits, la dot, les castes, le rapport homme-femme, la violence inter religieuse… Nous avons partagé un bon moment avec ces jeunes. Nous étions encore en Inde quand eux ont été à Avignon, présenter leur travail.
Ensuite nous prenons le bus pour Manali. Quel voyage, vingt heures de routes sinueuses. Nous arrivons à Patlikoul, prenons un taxi qui nous amène chez Gillou. Il est adorable, il se met en quatre pour moi. Comme il est très grand, il est du coup, à ma hauteur. Il me porte sur sa terrasse. Son petit hôtel est très bien tenu, la bouffe est excellente, c'est le seul endroit en Inde où j'ai mangé des gaufres. Il ne faut pas venir ici pour manger de la viande. Sur la carte il est marqué que l'on peut en commander. Je vous déconseille de le faire. Gillou est un religieux, il n'a pas envie d'être en contradiction avec ses croyances.
Nous sommes une petite bande à nous retrouver dans cette montagne. Fanny, mon autre fille, a eu une expérience singulière avec un arbre. Elle est très émue en nous la racontant. Elle se promenait seule, sur un chemin, à l'écart, lorsqu'elle fut séduite par l'aspect d'un arbre. Elle tenait des fleurs qu'elle avait cueilli un peu avant, à la main. Elle décida de les offrir en offrandes à l'arbre. Elle était là, à se recueillir lorsqu'elle leva la tête et voit des centaines de flèches, plantées dans l'écorce de l'arbre. Elle est tétanisée, toute la journée, elle a couru avec l'espoir de toucher la neige éternelle, c'est en redescendant qu'elle a faite cette rencontrer. Elle se sent fiévreuse et ne sait si elle doit reprendre les fleurs. Elle ne sait pas, non plus si cet arbre va lui porter bonheur ou malheur.
Nous la rassurons en lui disant que c'est un arbre totem, un arbre de cérémonie, qu'il ne souffre pas, ou bien s'il souffre, c'est pour faire du bien…
Me voilà parti pour Rishikech. Pour aller dans ce bout de l'Inde, je dois passer par Delhi. Mon visa est sur le point d'être périmé. Je passe chez le docteur Khan, pour qu'il me fasse un certificat, certifiant que je dois rester trois moi de plus en Inde.
En rentrant à Delhi, je suis accompagné par Paul, le frère de mon ami médecin. Bêtement, je lui laisse le soin de s'occuper des bagages. Mal m'en a pris, car au retour à l'hôtel, après avoir été prendre un petit déjeuner, je constate que mon petit sac, avec mon billet d'avion, mes carnets de notes et des effets personnels dont de l'argent, a disparu. Je ne peux m'en prendre qu'à moi. Jamais s'appuyer sur une autre épaule, c'est du laisser aller.
Je fais les démarches auprès du FRRO, l'office qui s'occupe des étrangers. Après une après-midi de démarches, j'obtiens une prolongation de visa pour trois mois. Avant de nous séparer, avec André, il m'a conseillé de faire un jeûne pour entamer Amaroli. Il faut se donner une bonne hygiène de vie : manger végétarien, ne pas fumer, ne pas boire d'alcool. Je décide d'acheter dix kilos de pommes Granis. Ce sont les pommes qui à cette époque sont mangeable. Comme elles viennent de l'étranger, je les paie très cher. De toute façon, je n'ai pas le choix, si je veux des pommes, je dois en passer par là. J'investis deux milles cinq cent rupees pour mon jeûne.
Je pars dans la montagne, depuis que je viens en Inde, j'y ai pratiqué toutes le formes de transport. Le reeckchow vélo et scooter, le train, le bus, la voiture. Mais cela fait presque vingt ans que je ne suis pas monter sur un cheval. Hé bien c'est sur un cheval que j'atteins la maison d'André. Je dois y rester au minimum un mois, couper de tout. Je me doute que les premiers jours vont être difficiles, surtout quand je vais commencer la cure. La cure de quoi, me direz-vous ?
La cure de son propre pipi !
Oui, figurez-vous qu'Amaroli, c'est l'urinothérapie : ça consiste à boire son urine.
Vous pensez " Pouah…! " Moi aussi, mais la différence avec vous, c'est que j'ai un handicap qui me prend les jambes, je vis dans une prison et je veux me tirer. J'ai envie de danser, de sauter en l'air, de courir ou tout au moins de marcher avec une simple canne. Donc pour arriver à ça, je suis prêt à tout essayer.
Pendant deux semaines je ne mange que des pommes. Déjà, je ne suis pas gros. Là je fond, je n'ai plus de fesses, je m'estime nettoyé. Un matin, je me lance. Devant le verre couleur soleil, je manque dégueuler. Mais j'y arrive. Pendant une semaine, le premier verre est le plus difficile à passer. Je deale mon goût en alternant petits morceaux de pomme et rasade d'urine. Je me force à boire toute mon urine de la journée. Je découvre qu'au bout de trois verres, mettons vers onze heure du matin, l'urine n'a plus de goût, même pas le goût de l'eau, c'est fade et claire comme de l'eau de roche.
L'urine du soir, je la conserve dans des bouteilles où j'écris la date. Après une semaine de macération, je fais chauffé cette urine au soleil et je me masse le corps, principalement les jambes et les pieds avec.
Au bout d'une semaine, je remarque que les champignons que je trimballe depuis une trentaine d'années aux milieu de mes orteils, ont disparu. J'ai essayé je ne sais combien de traitements pour m'en débarrassé, et voilà qu'en une semaine, pfft, envolé.
André construit sa maison, il n'est pas vraiment disponible, mais dès qu'il a cinq minutes, il passe me faire un coucou. Il s'inquiète de ma maigreur et il m'incite à recommencer à manger. Je me remet à manger des légumes. Plus les jours passent et plus la faim reviens. André m'a parlé d'une crise de guérison, de boutons qui risque de pousser partout. Je n'ai qu'un gros bouton qui me pousse sur la poitrine. J'ai l'impression que je suis passé à travers la crise de guérison. Au moment où j'écris ces lignes, ça fait plus d'un an que je suis cette thérapie et toujours pas de crise de guérison. Ceci dit, c'est peut être normal car je ne suis pas guéri.
Au bout d'un mois je repars dans la vallée de Manali, chez mon ami Gillou. J'aime ce lieu. J'aime être sur la terrasse à bailler aux corneilles, à dialoguer avec elles, les corneilles, à faire les yeux doux aux mainates, à engueuler les singes voleurs.
J'aime entendre la belle-mère de Gillou, je ne comprends pas ce qu'elle dit, me je me doute qu'elle est moqueuse, elle a toujours l'œil qui pétille. J'aime entendre les filles s'adresser à leur père en français. Elles parlent parfaitement français sans avoir mis un pied en France durant leur vie, et sans accent. Un ami de Jean-Michel m'a demandé d'aller à Amballa, voir quelqu'un qui soigne avec des aimants.
Me voilà parti pour Chandigarh, ville imaginée par Le Corbusier. C’est étonnant d’arriver à 5 heure du matin dans cette ville “Européenne“, être assailli par les moustiques, avec une flopée de reeckchow-vélos attendant le client. Je n’ai pas pris mon fauteuil roulant, mais j’ai deux cannes pour me déplacer, car je ne suis là que pour la journée.
C’est avec un bus local que je me rends à Ambala. Lorsque je demande la “Magnet-clinic“, chacun me regarde avec des yeux ronds, en fin de compte, un taxman un peu malin, à l’idée d’aller voir dans une clinique du Rotarie-club. Bonne pioche, le médecin à qui je m’adresse connaît la Bio-magnetic Research Center du Docteur Bhardwaj. C’est un homme très sympathique, qui m’invite à venir pendant dix jours, deux fois par jour, gratuitement. Il me vend pour un prix dérisoire un ensemble d’aimants, ceinture, deux gros aimants et un serre-tête. Je reviens à Nagar par un bus local qui s'arrête à tous les croisements. Vers six heure du soir, c'est terrible, les alcoolos sont là. Certains se penchent par le fenêtre ou la porte pour dégueuler. C'est le plus long voyage et le plus éprouvant que je fais depuis que je viens en Inde. Voilà ce que c'est que de vouloir économiser trois francs six sous. Arrivé à Paclikul, il est très tard, pas un taxi. Au bout d’une heure je vois une voiture faire demi-tour à cinq cent mètres, je ne peux pas bouger, je n’ai pas mon fauteuil. Je gueule comme un veau, coup de bol, le type m’entend et c’est un taxi. Je suis prêt à lui donner le double pour la course. Le jeune garçon ne veut pas en profiter. Je ne peux m’enpêcher de penser aux taxis en France, mais ne faisons pas de mauvais esprit.
J'attends chez Gillou le début de la mousson qui doit venir début juillet. Un matin, la larme à l'œil, je pars pour Ambala passer dix jours. Matin et soir, tous les jours, je passe trente minutes avec une machine qui tourne des aimants sous mon pif. Le docteur Bhardwaj est une sorte de professeur Nimbus, passionné par les aimants. Je retrouve chez lui la même humanité que chez le docteur Khan vis à vis des plus pauvres.
En face de l'hôtel, un jeune sikh me dit qu'il veut me présenter un de ses amis médecin et sikh de surcroît. Il me propose de dormir dans le lieu de prières des sikhs.
Sa clinique est à Chandigarh, je vais y rester une semaine. Tout les matins et tous les soirs, je traverse la ville. Il a son cabinet dans un petit pavillon typique à cette ville et tel que l’a pensé Le Corbusier. Ce médecin est de dix ans plus jeune que moi, il est très enveloppé, sûr de lui et très critique avec l’acupuncteur de Delhi, Mister Khan et envers le Docteur Bhardwaj .Lui aussi fait du magnétisme, mais aussi de l'accupression et de la couleur thérapie. Pour la couleur thérapie, cela consiste à exposer une bouteille d'eau aux reflets d'une lampe de couleur. Il me dit qu'il est bon pour moi, d'exposer l'eau pendant vingt quatre heure aux couleurs chaudes : rouge, jaune, orange.
Après il faut boire cette eau.
Contrairement au Professeur Bhardwaj d'Amballa, il me fait payer cent roupies la séance, plus cher que le bon docteur Khan et je peux vous dire sans son efficacité. Il profite de ma présence pour me demander de participer à une séance de photos, photos qui servirons plus tard pour faire de la publicité dans le quotidien de la région. Je retourne à Delhi une semaine avant de prendre l’avion. C’est la mousson, période éprouvante même pour quelqu’un comme moi qui aime la chaleur, c’est une chaleur humide, lorsqu’il pleut, les rues sont impraticables en fauteuil,
Depuis que je suis rentré, je continu à pratiquer Amaroli, l'efficacité du traitement me semble incontestable. Pour l'essentiel, il transforme le rapport que j'ai à mon corps. Je ne me vis plus pareil. J'ai l'impression de mieux connaître mon organisme, avec plus d'intimité. Désormais, je sens tout directement et très vite. Un exemple : à mon retour en, France, je suis resté végétarien ; pourtant j'aime la viande, je suis cuisinier, formé à l'école de la cuisine bourgeoise. Enfin j'aimais la viande, car en rentrant, j'ai voulu me faire une gâterie en mangeant un tajine d'agneau ; le lendemain au réveil, lorsque j'ai bu mon urine, c'était comme si je buvais directement le sang de cet agneau, comme si je l'avais tué moi-même !

lundi 23 février 2009

Derniers préparatifs avant le départ...
Je n'ai jamais aussi bien préparé un voyage.
J'ai même réservé une chambre au Cottage Yes Please à Delhi, le luxe.