dimanche 2 août 2015

2ème portrait... Renée...

Je reste fou de rage, en colère, tout repasse dans ma tête… Toutes ces années chez Renée boulevard Port Royal… Je n'ai pas vingt ans quand je débarque dans la grande Versailles de mon ami Hervé Muller en cet appartement… Le soir même, nous somme entre dix et quinze à s'étaler un peu partout dans la grande pièce, sous et sur la table principale, il y a du basard partout, un joli bazard, un portrait du Che un autre de Freud, Marx… Je vois dans le couloir un autre portrait que je pense aussi de Freud… Non me dit Renée, ici c'est mon père, mais c'est un peu vrai qu'il ressemble à Freud sur cette photo… Renée, si discrète sur sa vie… Tout de suite nous allons parler beaucoup tous les deux… Nous avons quarante ans de différence, elle est née en 1908, moi en 1948, en fin d'année comme moi… C'est elle qui me sort de la rue et si c'est Jean-Claude Thibeaux qui m'a enseigné la peinture, c'est avec elle que j'ai peint le plus… Je nous revois dans la 4L prendre la direction de la vallée de Chevreuse …  Poser nos chevalets et peindre jusqu'à pas d'heure… Comme moi, elle a deux passions qui lui permet de ne pas penser, la peinture et la graphologie  moi c'est la peinture et le chant… Nous parlons de tout et jamais nous ne nous sommes disputés… Nous avons vécu notre amitié 35 ans, pendant 20 ans nous nous sommes vouvoyés, elle a vouvoyé son mari tout le temps… Le mari est parti avec sa meilleure amie de vingt ans sa cadette Il a changé de domicile elle avait 60 ans. Je connaissais son rythme de vie, lever à 11h du matin, petit déjeuner avec des croutes de jambon et un carrelet, c'est à dire une tarte aux pommes couverte de petites bandes de pâte, pas de déjeuner à midi... Pendant toute l'après midi, le thé joue une partition à sa mesure... Le repas c'était le soir, souvent un morceau de viande avec une endive braisée accompagné systématiquement d'un demi de rosé… Tous les jours sauf le lundi, elle prenait son panier à roulettes pour faire son marché à la Mouff  parfois elle s'arrêtait chez le marchant de couleurs ou dans la librairie des parents de Renaud… Au marché Mouffetard j'ai retrouvé Mouna que je connaissais de chez Popof  C'est chez Renée que nous frabriquions les banderolles, les slogans et les cocktails molotofIl y avait des courants d'air dans l'appartement de Renée, toutes les pièces étaient occupées Entre les épices cuisinés avec des rythmes envoutants et des caractères de toutes les couleurs : Chéri Samba, Olou  une famille entière du Madagascar très envahissante et même des musiciens très proches de Fela  Jean--Michel...  Jamais sur le jugement sauf qu'elle ne supportait pas les personnes maniaques ni les chanteurs et chanteuse à la voix chevrotantes  Julien Clerc ou Véronique Sanson  elle trouvait des ressemblance à tous le monde, sur son lit de mort, elle a trouvé que ma compagne du moment ressemblait… Elle ressemblait… Ah je vais trouver… Ah ça y est, elle ressemble à Arlette Laguiller  Je sais depuis peu que Renée a caché des juifs dans son placard… Connard d'handicapé… Elle n'aurait jamais pu dire ça Renée, rien ne l'a choqué et quand je lui parlais de nudité, elle me disait que c'était bien pour les jeunes mais avec le corps qu'elle avait il était hors de question de se mettre à poil… Oh il ont bien cherché à lui chercher des poux dans la tête à Renée, des charmants voisins on prévenu la Police qu'il y avait des gens bizarres dans les escaliers souvent juste devant la porte de Renée… Elle a toujours réussi a repoussé la méchanceté pas comme ces éleveurs encouragés par la Maréchal Le Pen du parti de la méchanceté… A l'époque ce parti s'appelait Ordre Nouveau, elle détestait les garçons aux cheveux rasés et quand j'ai quelques fois coupé mes cheveux, elle trouvait toujours que je les faisais coupés trop court… Vous avez de si beaux cheveux…



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