2ème portrait... Renée...
Je
reste fou de rage, en colère, tout repasse dans ma tête… Toutes
ces années chez Renée boulevard Port Royal… Je n'ai pas vingt ans
quand je débarque dans la grande Versailles de mon ami Hervé Muller
en
cet appartement… Le soir même, nous somme entre dix et quinze à
s'étaler un peu partout dans la grande pièce, sous et sur la table
principale, il y a du basard partout, un joli bazard, un portrait du
Che un autre de Freud, Marx…
Je
vois dans le couloir un autre portrait que je pense aussi de Freud…
Non me dit Renée, ici c'est mon père, mais c'est un peu vrai qu'il
ressemble à Freud sur cette photo… Renée, si discrète sur sa
vie… Tout de suite nous allons parler beaucoup tous les deux…
Nous avons quarante ans de différence, elle est née en 1908, moi en
1948, en fin d'année comme moi… C'est elle qui me sort de la rue
et si c'est Jean-Claude Thibeaux qui m'a enseigné la peinture, c'est
avec elle que j'ai peint le plus… Je nous revois dans la 4L prendre
la direction de la vallée de Chevreuse … Poser nos chevalets et peindre jusqu'à pas d'heure… Comme moi,
elle a deux passions qui lui permet de ne pas penser, la peinture et
la graphologie moi c'est la peinture et le chant… Nous parlons de
tout et jamais nous ne nous sommes disputés… Nous avons vécu
notre amitié 35 ans, pendant 20 ans nous nous sommes vouvoyés, elle
a vouvoyé son mari tout le temps… Le mari est parti avec sa
meilleure amie de
vingt ans sa cadette
Il
a changé de domicile elle
avait
60 ans. Je connaissais son rythme de vie, lever à 11h du matin,
petit déjeuner avec des croutes de jambon et un carrelet, c'est à
dire une tarte aux pommes couverte de petites bandes de pâte, pas de
déjeuner à midi... Pendant toute l'après midi, le thé joue une partition à sa mesure... Le repas c'était le soir, souvent un morceau de
viande avec une endive braisée accompagné systématiquement d'un
demi de rosé… Tous les jours sauf le lundi, elle prenait son
panier à roulettes pour faire son marché à la Mouff parfois elle
s'arrêtait chez le marchant de couleurs ou dans la librairie des
parents de Renaud… Au
marché Mouffetard j'ai retrouvé Mouna que je connaissais de chez Popof C'est chez Renée
que nous frabriquions les banderolles, les slogans et les cocktails molotof… Il
y avait des courants d'air dans l'appartement de Renée, toutes les
pièces étaient occupées
Entre
les épices cuisinés avec des rythmes envoutants et des caractères
de toutes les couleurs :
Chéri Samba, Olou une famille entière du Madagascar très
envahissante et même des musiciens très proches de Fela
Jean--Michel... Jamais sur le jugement sauf
qu'elle ne supportait pas les personnes maniaques ni les chanteurs et
chanteuse à la voix chevrotantes Julien Clerc
ou Véronique Sanson elle trouvait des ressemblance à tous le
monde, sur son lit de mort, elle a trouvé que ma compagne du moment
ressemblait… Elle ressemblait… Ah je vais trouver… Ah ça y
est, elle ressemble à Arlette Laguiller Je sais depuis peu que
Renée a caché des juifs dans son placard… Connard d'handicapé…
Elle n'aurait jamais pu dire ça Renée, rien ne l'a choqué et quand
je lui parlais de nudité, elle me disait que c'était bien pour les
jeunes mais avec le corps qu'elle avait il était hors de question de
se mettre à poil… Oh il ont bien cherché à lui chercher des poux
dans la tête à Renée, des charmants voisins on prévenu la Police
qu'il y avait des gens bizarres dans les escaliers souvent juste
devant la porte de Renée… Elle a toujours réussi a repoussé la méchanceté pas comme ces éleveurs encouragés par la Maréchal
Le Pen du parti de la méchanceté… A l'époque ce parti s'appelait Ordre Nouveau, elle détestait les garçons aux cheveux
rasés et quand j'ai quelques fois coupé mes cheveux, elle trouvait
toujours que je les faisais coupés trop court… Vous avez de si
beaux cheveux…
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